Les passoires thermiques, ces logements énergivores classés F et G, sont devenues un véritable casse-tête pour leurs propriétaires. Face à des contraintes légales et économiques de plus en plus strictes, les seniors, grands détenteurs de ce type de biens, ont enclenché un mouvement massif de vente. Mais pourquoi cette tendance s’accélère-t-elle et qu’est-ce que cela signifie pour le marché immobilier ?
Les seniors, premiers concernés par la loi climat
La loi climat et résilience, adoptée en août 2021, impose un calendrier serré pour les logements énergivores. Dès le 1ᵉʳ janvier prochain, les biens classés G seront interdits à la location. Suivront les logements F en 2028 et ceux classés E en 2034. Ces interdictions marquent un tournant majeur pour les propriétaires, qui se voient contraints de rénover ou de vendre.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 69 % des ventes de passoires thermiques proviennent des propriétaires de 60 ans et plus. Ces derniers, souvent réticents à engager des travaux coûteux ou complexes, préfèrent céder leurs biens à des acquéreurs plus jeunes et motivés par des projets de rénovation.
Un contexte économique qui accentue la pression
L’autre facteur clé réside dans la montée des taux d’intérêt, entamée dès 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine. Cette situation rend les biens énergivores plus difficiles à financer pour les jeunes acheteurs. Cependant, ces derniers y voient aussi une opportunité. Les logements classés F et G se négocient souvent à des prix inférieurs, ce qui compense les coûts à prévoir pour leur mise aux normes.
De plus, les banques sont plus enclines à financer des projets de rénovation énergétique. Cette dynamique permet aux jeunes acquéreurs d’acquérir ces biens à moindre coût tout en obtenant des financements pour améliorer leur performance énergétique.
Un transfert générationnel en pleine accélération
Ce mouvement de vente des seniors au profit des jeunes s’inscrit dans une logique de transfert générationnel. Tandis que les propriétaires âgés investissent dans des logements plus économes, les nouveaux acquéreurs prennent le temps de rénover les biens acquis, profitant des aides gouvernementales et des dispositifs comme MaPrimeRénov’.
Ce phénomène, bien que bénéfique pour la transition énergétique, bouleverse les équilibres du marché. La part des logements énergivores dans les ventes a ainsi chuté de 18 % au premier trimestre 2023 à 13 % au troisième trimestre 2024. Une tendance qui devrait s’accélérer à l’approche des prochaines échéances légales.
Le marché immobilier est en pleine transformation, porté par des enjeux écologiques, économiques et générationnels. Les seniors, souvent pionniers dans ce mouvement, redéfinissent la manière d’investir dans l’immobilier. Et si ce changement représentait finalement une opportunité unique pour réconcilier efficacité énergétique et transmission intergénérationnelle ?
N’hésitez pas à partager cet article parce que l’avenir du marché se joue aussi dans la prise de conscience collective.