Acheter un bien immobilier après avoir surmonté un cancer devrait être un droit accessible à tous. Pourtant, malgré la loi Lemoine, les femmes en rémission continuent d’affronter des obstacles majeurs. Quels sont les vrais freins ? Explorons pourquoi cette législation reste insuffisante face aux réalités du terrain.
La Loi Lemoine et le droit à l’oubli : une avancée incomplète
Avec la loi Lemoine adoptée en 2022, les anciens malades de cancer bénéficient d’un droit à l’oubli cinq ans après la fin de leur protocole thérapeutique, à condition de ne pas avoir rechuté. Pour les prêts de moins de 200 000 € et remboursables avant les 60 ans de l’emprunteur, le questionnaire médical est également supprimé. Sur le papier, cette avancée vise à alléger les démarches des survivants du cancer, en particulier pour accéder à une assurance de prêt immobilier sans discrimination.
Cependant, cette réglementation ne couvre pas tous les cas. De nombreuses femmes en rémission s’autocensurent encore, craignant de revivre un rejet bancaire. Beaucoup d’anciennes patientes choisissent de dissimuler leur passé médical par peur de ne pas obtenir de prêt ou d’être surtaxées, bien qu’elles répondent aux critères de la loi Lemoine. Ce paradoxe montre à quel point l’aspect psychologique joue un rôle dans l’accès à la propriété, même pour celles qui sont censées être protégées par cette législation.
Le frein des banques et des assurances face aux risques perçus
La loi Lemoine est une protection, mais elle ne règle pas les perceptions et les pratiques des banques et assurances. En effet, certains établissements continuent d’afficher des réticences dès qu’une mention de maladie grave apparaît, même indirectement. Des femmes rapportent avoir fait l’objet de refus implicites malgré leur éligibilité à la loi Lemoine : elles se sont vu proposer des taux ou des garanties dissuasives.
Audrey, diagnostiquée en 2021, illustre ce cas : malgré la fin de son traitement, elle a rencontré des banquiers hésitants, incertains de l’application concrète de la loi. En l’absence de clarté, beaucoup de prêteurs préfèrent limiter les risques en filtrant sévèrement les dossiers des emprunteurs ayant des antécédents de santé. Pour contourner cette barrière, certains courtiers recommandent des banques sans questionnaire médical ou conseillent de structurer les prêts pour ne pas dépasser les 200 000 € par tête. Cette réalité révèle une faille dans l’application du droit à l’oubli qui pousse les emprunteurs à des concessions stratégiques mais contraignantes.
Acheter avec sérénité : un parcours à adapter pour les femmes en rémission
Face à ces obstacles, de nombreuses femmes choisissent des solutions alternatives pour sécuriser leur achat immobilier tout en contournant les écueils liés aux questionnaires médicaux. Ces stratégies incluent souvent des sacrifices : acheter un bien moins cher pour éviter les contrôles ou passer par des banques en ligne, moins restrictives que les grandes enseignes. Audrey, par exemple, a choisi de souscrire un prêt immobilier avec une assurance à 40 % pour elle et à 60 % pour son conjoint, le tout auprès d’une banque en ligne. Ce compromis lui a permis d’acheter sans questionnaire de santé, mais elle regrette de ne pas avoir eu la possibilité de viser un bien plus confortable pour sa famille.
Bien que la loi Lemoine ait ouvert la voie à un accès plus juste au crédit immobilier pour les anciens malades, elle ne parvient pas encore à garantir une égalité totale. Si des initiatives comme celle de la CNP Assurances, qui a lancé une assurance sans surprimes pour les personnes en rémission, semblent aller dans la bonne direction, le chemin reste encore long pour que les survivantes du cancer accèdent au même parcours d’achat immobilier que les autres.
Les mentalités et les pratiques doivent évoluer en profondeur pour que la loi Lemoine, malgré ses bonnes intentions, devienne un véritable levier de changement pour toutes.
Acheter un bien immobilier après un cancer ne devrait pas être une montagne infranchissable. Partagez cet article et rejoignez notre newsletter, parce qu’il est temps de faire évoluer les choses pour toutes les femmes en rémission.